Publications internationales

2023
S.BOUGHANDJIOUA. (2023), Tuberculose et biothérapie dans les maladies inflammatoires chroniques : quelles précautions prendre dans un pays endémique. La Revue de Médecine Internehttps://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0248866323002965

Résumé: La prise en charge des maladies inflammatoires chroniques s’est vue révolutionnée ces dernières années par l’utilisation des biothérapies. Celles-ci ne sont pas dépourvues d’effets secondaires notamment infectieux, des centaines de cas de tuberculose latente ou réactivée ont été rapportées. Cette complication est surtout redoutable dans les pays où la tuberculose sévie à l’état endémique. L’objectif de notre étude est de soulever l’intérêt de définir les modalités préventives adaptées aux conditions de notre pays. Ont été inclus dans cette étude rétrospective 90 patients ayant été traités par biothérapie au niveau d’un service de médecine interne, entre janvier 2008 et décembre 2022. Au total, 25 étaient suivis pour polyarthrite rhumatoïde, 33 pour spondylarthropathie, 14 pour maladie de Crohn et 18 pour uvéite. Tous sont en échec ou intolérance au traitement de fond et candidats à une biothérapie : anti-interleukines 6 et anti-TNF alpha type adalimumab, infliximab et etanercept. Le dépistage de la tuberculose était systématique dans le cadre d’un bilan pré thérapeutique. Notre population se répartie en 53 femmes et 37 hommes avec une moyenne d’âge de 44,83 ans ± 13,17 ans et le bilan préthérapeutique a comporté systématiquement une recherche de la tuberculose. Aucun antécédent tuberculeux ni notion de contage. Vaccination BCG a été retrouvée chez tous les patients et remontait à > 10 ans. L’IDR était négative dans 73 cas, positive chez 2 patients. Une anergie tuberculinique était notée dans 10 cas. Ce résultat était en rapport avec la prise concomitante de corticoïdes ou immunosuppresseurs. La radiographie du thorax était sans anomalies pour tous les patients. Le Quantiféron a été réalisé chez 19 patients : 10 fois devant une anergie tuberculinique et 9 fois devant des signes d’imprégnation tuberculeuse ou une symptomatologie traînante. Les résultats étaient 7 fois négatifs 12 fois positifs. Trois réactivations tuberculeuses sous traitement ont été dénombrées (péricardite tuberculeuse, une tuberculose urinaire et une tuberculose ganglionnaire) suggérées par la positivité du Quantiféron et affirmées par la mise en évidence de BAAR, l’IDR ou l’histologie. Dans les trois cas, un traitement antituberculeux a été débuté. Une prophylaxie antituberculeuse a été indiquée chez 9 patients devant un Quantiféron positif associé à une anergie tuberculinique. La tuberculose sévie dans notre pays à l’état endémique et les cas multirésistants sont de plus en plus nombreux, il nous est donc indispensable d’élaborer une stratégie de dépistage précoce de tuberculose latente propre à notre pays mais aussi adaptée à cette population de patients souvent immunodéprimés.