Thème : La crise de la pandémie de la Covid-19, une destruction créatrice de la mondialisation
Présentation : Depuis trois décennies, les termes de « Mondialisation » et « Globalisation » tendent à se substituer au terme plus traditionnel d’« économie internationale ». Au-delà de l’aspect sémantique, le terme et la réalité de la globalisation renvoient aux dynamiques économiques d’intégration des entreprises dans un cadre institutionnel de mondialisation qui, lui, relève d’une logique des États [1] et des institutions internationales [2]. Mais, si ces deux dynamiques, qui structurent l'économie mondiale, ont des objectifs complémentaires, elles se sont développées, le plus souvent, indépendamment l’une de l’autre. L'intégration économique [3] est un processus long, nécessitant plusieurs phases de développement tandis que les dynamiques de globalisation symbolisent un mouvement historique plus rapide et plus poussé, basé sur un processus de localisation d’entreprises, de plus en plus libres. Structurée par cette asymétrie entre les dynamiques et dans laquelle les entreprises prennent le pas sur leurs États par le développement de chaînes de valeur mondiales (CVM), liant ainsi les économies locales au marché mondial (Cali et al. 2016) [4], la mondialisation a, non seulement, insufflé à l’économie mondiale un plus grand potentiel de croissance et de transfert de technologie mais, également, engendré une vague importante de perturbations des marchés. La prééminence des problèmes économiques depuis les années 1990 témoigne, en fait, du profond changement qui s’opère dans les structures de l’économie mondiale. Pendant longtemps, on a accordé aux mécanismes de marché un rôle déterminant dans les modes de coordination et de régulation économique et sociale. On a aussi considéré les dynamiques de globalisation comme indépendantes vis-à-vis de l’évolution des politiques d’intégration régionales. Or, la question de la récurrence des cycles de crises et leur rapport au fait que les deux dynamiques – qui structurent la mondialisation et évoluent d’une façon concomitante sans être toujours articulée – fût longtemps éludée. Sur fond de fragilités structurelles non corrigées, la Covid-19 a frappé le cœur battant de la mondialisation, c’est-à-dire les centres d'animation des chaînes de valeur mondiales représentés par les États-Unis, la Chine et l’Europe. Les dynamiques qui structuraient les différents chaînons dans la production mondiale se sont trouvées rompues. La production de matières premières et des biens intermédiaires fabriqués dans différents lieux dans le monde puis leur expédition pour être assemblés ailleurs n’ont pu se réaliser, et la production finale n’a pu être effectuée et réexportée vers les pays destinataires, paralysant, ainsi, un grand nombre de chaînes de production à travers le monde. Selon le Forum Économique Mondial [5] (2020), la pandémie de la Covid-19 a affecté plus de 75 % de la production manufacturière mondiale. Aujourd’hui, les dégâts collatéraux induits par ce choc extérieur sont nombreux, faisant ainsi entrer le monde dans l’ère de ce qui est, désormais, considéré par tous comme étant « la nécessaire résilience économique », autrement dit, la nécessité pour les pays de recadrer d'une manière fondamentale les politiques de développement pour plus d’inclusivité afin de recouvrer une meilleure maîtrise des ressorts internes du développement économique. Les États, d’une façon quasi-générale, sont entrés dans un processus de réalignement de leurs chaînes d’approvisionnement au plus près de chez eux. L’inclusivité repose, dorénavant, sur le développement de chaînes d’approvisionnement régionales et la relocalisation des entreprises. L’enjeu dans cette reconfiguration des CVM devient dès lors l’organisation de la production en circuits courts, c’est-à-dire la diversification des chaînes d'approvisionnement au niveau régional, afin de faire face à d’éventuels risques à venir. Ce qui ouvre la voie à la construction de pôles régionaux avec comme conséquence une reconfiguration des formes de relations économiques mondiales et de ses bases géographiques. Des questions se posent quant à la pertinence de la relocalisation et de l’inclusivité par rapport à l'intégration mondiale et/ou régionale. Il est pourtant certain que la rupture de la production mondiale induite par la Covid-19 s’avère comme un élément majeur dans la recomposition des chaînes d’approvisionnement. Cette réalité entraîne une série de questions : En quoi cette rupture affecte-t-elle le fonctionnement d’une approche qui accorde aux mécanismes de marché un rôle déterminant dans les modes de coordination et de régulation sociale ? Le changement sera-t-il palpable et profond ? Un alignement est-il envisageable entre les dynamiques d’intégration régionale menées par les États et celles de la globalisation conduites par les entreprises, au point de remettre en cause le principe d’efficacité qui structure le capitalisme de marché ? Plus largement, quelles seraient alors les perspectives d’avenir pour la mondialisation ? L’objet de cet article est d’observer, en écho avec la crise globale que nous vivons, les lignes de force qui structurent les dynamiques d’une économie mondiale conduite par les seules forces du marché et la maximisation des profits afin de déceler les facteurs de rupture et de continuité de la mondialisation. Les conclusions du présent travail montrent que l’interruption des chaînes de production à travers le monde ne traduit, en aucun cas, la fin de la mondialisation. Nous assistons à un processus de destruction créatrice de la mondialisation qui se caractérise par la fin du paradigme classique de mondialisation fondée sur le principe de « l’efficacité » économique, synonyme de maximisation des résultats de l’entreprise, de son profit et des dividendes des actionnaires, d’une part, et à l’émergence d’une néo-mondialisation structurée sur les pôles d’intégration régionale mieux maitrisée par les États et abritant des chaînes de valeurs régionales, d’autre part. Dans tous les cas de figure, la période post-Covid19 ouvre la porte à une nouvelle « normalité » économique mondiale régissant la période actuelle caractérisée, non pas par la crise économique en elle-même mais plutôt par des transformations rapides dans un monde qui, lui, est en crise. Structuré selon trois sections, le présent travail montre comment les premiers effets de la Covid-19 ont été révélateurs des fragilités structurelles du système économique mondial qui se sont traduites par une fragmentation des processus productifs (section 1). Puis, la crise induite par la Covid-19 a agi comme un catalyseur à cette transformation des fondements mêmes de la mondialisation, induisant ainsi de nouvelles formes de recomposition des processus productifs, non seulement sur le « principe d’efficacité » qui a, longtemps, structuré les dynamiques économiques mondiales, mais également sur celui de l’inclusivité et de la sécurité de l'approvisionnement en biens et leur disponibilité pour les économies nationales (section 2). Ce processus de destruction créatrice de la mondialisation ne peut toutefois être pensé dans sa totalité s’il est amputé de son élément essentiel que constituent les technologies numériques, en particulier la Blockchain qui, sans aucun doute, contribuera grandement à travers les travaux menés par le Forum Économique Mondial à la déconcentration des CVM de la Chine pour accélérer leur diversification déjà entamée dans la région (section 3). 1. La crise induite par la Covid-19, un révélateur de fragilités structurelles non corrigées Le développement rapide des chaînes de valeur mondiales [6], fondées sur le principe d’efficacité [7], n’a pas été sans incidences, tant sur les systèmes de production et le marché local du travail que sur le niveau de vie des populations locales et la structure des dépenses publiques. La littérature économique a mis en exergue les imperfections du marché mondial. Dans leur analyse, Autor et al. (2013) ont, par exemple, montré le risque d’effondrement du marché du travail local en occident du fait d’une croissance économique plus rapide de l'autre côté de la planète. Par ailleurs, Egger et al. (2018) expliquent, de leur côté, comment les avantages fiscaux accordés aux entreprises étrangères, en concurrence avec les entreprises locales, mettent en péril l’équilibre des finances publiques nationales. De fait, des cycles conjoncturels suivis de cycles structurels ont, pendant longtemps, rythmé le développement de l’économie mondiale, et ce, jusqu’à l’éclatement du premier choc systémique en 2007-2008. L'insuffisance de la demande a empêché le relèvement durable du taux de profit (Gordon, 2016) et a par conséquent entraîné une baisse de la rentabilité des investissements et empêché l'introduction de nouvelles technologies. Cela s’est traduit par un ralentissement de la croissance à un niveau en-dessous de son potentiel (Summers, 2016) [8]. La reproduction de ces contradictions a, dès lors, inscrit les dynamiques économiques dans un cercle vicieux entre l’accumulation de capital induite par les redressements temporaires, d’une part, et la suraccumulation et la rechute des taux de profit, du fait des limites et antagonismes persistants des progrès de la productivité et de l’effondrement du mythe de l’extensibilité sans fin de la demande globale, d’autre part. Arslan et al. (2018) n’hésitent pas à affirmer qu’ « Après des décennies d'intégration rapide, la mondialisation a montré des signes de décrochage depuis la crise financière mondiale de 2008 ». De fait, le paradigme de « démondialisation » a été introduit, pour la première fois, à la suite de cette crise financière. Des signes de décrochage de différentes formes ont, depuis, structuré le développement mondial : (i) l’impasse à laquelle est parvenue le cycle de Doha de l'Organisation Mondiale du Commerce, (ii) l’effondrement du Partenariat transpacifique et l’érosion de l’« ordre international fondé sur des règles », (iii) le non-respect par la Chine de la Convention des Nations Unies sur les lois de la mer dans ses différends en mer de Chine méridionale et (iv) la sortie des États-Unis de l'accord de Paris sur le changement climatique, de l’accord de partenariat Transpacifique et plus récemment, de l'Organisation Mondiale de la Santé. Les solutions trouvées pour dépasser la crise de 2008 se sont, cependant, inscrites dans le même modèle d’une économie mondiale fondée sur un marché totalement libre et basé sur la compétitivité par les coûts. Bien que la demande soit réapparue comme une variable motrice de la croissance, les fragilités du système mondial n’ont pas été corrigées. Sur ce fond de fragilités structurelles non corrigées, la Covid-19 est vite devenue à la fois révélateur de tensions dans l’ordre économique mondial et catalyseur d’une nouvelle situation qui met en relief les défaillances séculaires d’une économie mondiale menée par les seules forces du marché. Les CVM, qui ont constitué durant trois décennies des vecteurs d’efficacité accrue, se sont révélées, avec la Covid-19, comme accélérateurs, non seulement, des chocs technologiques affectant la demande de main-d'œuvre (Baldwin, 2016 ; Baldwin, 2019) mais également, des chocs économiques entre les régions, notamment en termes d’emplois (Acemoglu et al., 2016 ; Acemoglu et al., 2015). Cette pandémie apparaît comme un miroir grossissant des faits de dépendance économique à l’égard de l’extérieur, ne serait-ce que par les ruptures provoquées dans les chaines d’approvisionnement et/ou le blocage de transferts technologiques ; la réalité économique interne ne pouvait plus s’accommoder de tels phénomènes de dépendance dans l’approvisionnement et/ou la disponibilité du produit dans le pays. La crise du Covid-19 a non seulement accentué des problèmes tels la relocalisation des industries clés (Mouhoud, 2017) et le raccourcissement des chaînes d’approvisionnement, mais elle s'est également traduite par un phénomène, plus large, de « découplage » des liens technologiques entre États. La démonstration en a été faite, notamment, par les États-Unis et la Chine. Ces derniers pays, dans leur course croissante pour contrôler les technologies de l'avenir, se sont engagés, alors, dans des opérations de verrouillage des technologies avancées en contrôlant leurs exportations [9]. En somme, la pandémie de la Covid-19 a provoqué un choc multiforme affectant, pratiquement, tous les domaines de l'économie et de la société. Les effets de la crise sur les secteurs sont variables mais le secteur manufacturier et celui des services restent les plus touchés (M. Lhermitte, 2020). En effet, les ruptures d’approvisionnements et de stocks subséquentes à l’arrêt brutal de la production ont provoqué, d’abord, l'effondrement d’une grande majorité de chaînes de valeur mondiales avec de graves répercussions sur les producteurs et les consommateurs de différents pays en amont et en aval de la chaîne de valeur de ces produits. Ensuite, les mesures de restriction des déplacements des personnes et des biens dans le but de ralentir la transmission du virus ont retardé, voire, carrément, empêché la livraison d’intrants critiques, en particulier dans l'automobile et l’électronique (Haren, Simchi-Levi, 2020 ; Baldwin, Tomiura, 2020). Enfin, l’arrêt quasi total du trafic aérien a entraîné une forte augmentation des coûts du fret aérien, pression supplémentaire sur les industries qui dépendent de la livraison, juste à temps, de biens intermédiaires produits à l’étranger. Cet enchaînement de contraintes a amené les fournisseurs à allonger considérablement les délais de livraison de leurs produits, asséchant, ainsi, les stocks de leurs clients. Finalement tout le paradigme sur lequel la mondialisation s’est constituée au cours des 30 dernières années, et qui consacrait un rôle primordial aux mécanismes de marché comme mode de coordination et de régulation sociale, se trouve remis en question. Les modèles de création de valeur à l’échelle mondiale s’en trouvent alors affectés, avec des conséquences, sans précédent, sur l’approche globale des procédés de fabrication ainsi que sur les chaînes d'approvisionnement et de distribution. Cependant, cette situation grave, qui peut être qualifiée de récession mondiale, ne signifie, aucunement, la fin de la mondialisation comme phénomène de création et de distribution de la valeur. Dans un espace international rétréci par la restriction des échanges induite par la pandémie de la Covid-19, les CVM, en rupture par rapport à une demande mondiale en produits de la santé en pleine expansion, se replient d’abord sur elles-mêmes, ensuite se redéployent sur les régions proches, à la recherche d’un environnement propice qui se traduirait, certainement, dans le long terme, par une reconfiguration des formes de relations économiques mondiales et de ses bases géographiques. 2. La crise due à la pandémie de la Covid-19, un catalyseur d’une transformation structurelle mondiale Le ralentissement brutal de la production mondiale induit par la pandémie du coronavirus a révélé les faiblesses du modèle de la chaîne d'approvisionnement mondiale et interpellé les États et les entreprises sur leur dépendance excessive vis-à-vis de sources extérieures et, notamment, de la Chine. Rappelons, à cet effet, que la Chine est, pour de nombreux produits, le maillon structurant des chaînes de valeur mondiales, en tant que (i) producteur de produits primaires et de composants de biens de haute valeur ajoutée, (ii) consommateur de produits de base et industriels mondiaux, et (iii) enfin, comme centre des opérations d’assemblage et de transformation dans des segments entrant dans ces chaînes de valeur mondiales. Sur la période 2005-2010, selon les données de l’OCDE (base TIVA), la part de la valeur ajoutée chinoise dans la demande finale mondiale de produits manufacturés est passée de 9 % à près de 25 %. La Chine occupe, aujourd’hui, la première place du classement mondial, loin devant les États-Unis, le Japon et l'Allemagne. Elle est devenue le principal marché de produits intermédiaires où les biens de consommation finale sont produits pour être exportés vers les États-Unis et les pays européens. Selon une nouvelle étude de Dun & Bradstreet [10] (2020), 163 des sociétés figurant au palmarès Fortune 1000 ont des fournisseurs directs dans la région de Hubei et 938 d’entre elles comptent un ou plusieurs fournisseurs de deuxième niveau [11] dans cette même région qui, faut-il le souligner, fut la première et la plus gravement touchée par la Covid-19. Ainsi, pivot incontournable des chaînes de fabrication, d’approvisionnement et d’assemblage, la Chine [12], place forte de la production mondiale de biens manufacturés, s’est avérée être le talon d’Achille des relations transfrontalières, facteurs essentiels à la croissance économique mondiale. La chute de la production industrielle en Chine, qui a baissé de 13,5 % en janvier et février 2020 combinés par rapport à l'année précédente [13], a gravement perturbé les réseaux de production internationaux, compromettant la viabilité des lignes d'approvisionnement critiques avec comme conséquence des incidences dramatiques sur les entreprises, les consommateurs et l’économie des autres pays partenaires. Dans un monde où les processus de production sont de plus en plus fragmentés, avec une proportion croissante d’étapes de production réparties au-delà des frontières nationales, un tel choc d’offre, bien que circonscrit géographiquement, a des conséquences bien au-delà de l’épicentre du choc et qui vont se manifester par des contractions importantes des flux commerciaux internationaux et des niveaux de production. Cet aspect se lit, notamment, dans la baisse significative des exportations [14] de Chine qui se chiffre à 17 % pour les mois de janvier et février 2020 combinés par rapport à l'année précédente. De manière plus précise, et à titre d’illustration, le rapport de l’ONUDI (2020) montre la dépendance du secteur manufacturier allemand vis-à-vis des intrants importés de Chine ; ces derniers entrent dans un quart de la production industrielle allemande. L’activité de production allemande dans des secteurs tels que l’électronique, l’informatique et le textile est à l’arrêt du fait de sa forte dépendance d’intermédiaires s’approvisionnant de Chine. Ainsi, il apparaît clairement qu’une concentration importante de fournisseurs sur une région (en l’occurrence la Chine) est source de vulnérabilités mises à jour par ces chocs d’offre dont la diffusion systématique de ses effets affecte les producteurs et les consommateurs des différents pays, en amont et en aval de la chaîne de valeur de ces produits. Par ailleurs, et au-delà de la grande dépendance de l’industrie mondiale des exportations intermédiaires de la Chine, l’intégration verticale [15] de la production chinoise en Asie a permis à son économie de s’affranchir de façon notable d’intrants produits à l’étranger, ce qui signifie que le monde est nettement plus exposé face à la Chine que ne l’est ce pays par rapport au reste du monde. Par cette jonction de stratégies de développement axées sur l’exportation, menées par ses entreprises et centrées, initialement, sur l’intégration régionale conduite par l’État, la Chine a, progressivement, « globalisé » le monde, plaçant l’Asie de l’Est au cœur du nouveau modèle régissant la production mondiale et le commerce international (McKinsey, 2019) [16]. Dans ce cadre systémique, l’avantage de la Chine apparaît lié à sa capacité à articuler les dynamiques de globalisation de ses entreprises avec ses politiques d’intégration régionale. La puissance de production de la Chine est, essentiellement, assise sur le potentiel de production que lui procure son intégration régionale. En effet, le système productif chinois opère des ajustements entre les besoins des centres industriels développés (USA- Europe- Japon) et ses investissements dans les pays voisins d’Asie du sud-est devant lui assurer les ressources nécessaires au développement de ses chaînes d’approvisionnement régionales. Ces dernières lui donnent la capacité de réagir de manière adaptée aux changements, d’absorber les perturbations négatives, de survivre pendant les perturbations et de récupérer rapidement. Ainsi, centre industriel dominant, la Chine organise, aussi bien, les relations économiques transfrontalières avec les pays développés que la complémentarité avec les pays voisins. Sans cette articulation des dynamiques de globalisation et d’intégration régionale, la Chine n’aurait pu être l’usine du monde eu égard au volume même des opérations transfrontalières. Cette intégration régionale conduite par l’État chinois explique la capacité de réponse de la Chine au choc de la Covid-19 et le niveau de résilience plus élevé des entreprises chinoises, aussi bien publiques que privées, comparativement à celui des entreprises des autres régions dans le monde, spécialisées dans le « commerce des tâches » [17]. Cette asymétrie face à la pandémie de la covid-19 montre, clairement, que le système productif mondial [18] basé sur les gains liés à l’hyperspécialisation des entreprises et des régions (Hennequin et al. 2017) a atteint ses limites. Alors que « la compétitivité par la réduction des coûts » a toujours constitué le principe fondateur des CVM, les entreprises encadrées par les institutions internationales commencent, désormais, à ajouter d'autres dimensions pour évaluer la valeur globale (cf. Rapport Forum Economique mondial, 2020) [19]. Les risques, la résilience et la souveraineté technologique se sont alors imposés comme les nouveaux éléments déterminants de la compétitivité dans ce contexte mondial inédit. Cette tendance au renforcement de la résilience par la coordination des dynamiques de globalisation et d’intégration économique régionale prend, ainsi, tout son sens, et la réorientation des CVM vers de nouvelles approches intégrant la « compétitivité des risques » pour prévenir, s’adapter et répondre aux chocs à venir, s’inscrit au cœur même des stratégies gouvernementales. Ce nouveau cadre exacerbe les tensions entre les USA et la Chine. La confrontation ne se limite plus aux aspects commerciaux mais concerne, plus largement, l’hégémonie sur la gouvernance mondiale. Une guerre géoéconomique à des fins de suprématie politico-économique engagée entre ces grandes puissances prend la forme d’une destruction créatrice de la mondialisation. D’un côté, la politique américaine cherche à briser les chaînes de valeur impliquant les produits chinois en utilisant les contrôles à l'exportation pour rompre les liens entre les entreprises chinoises et leurs partenaires économiques et commerciaux, notamment, coréens et japonais, de l’autre, la Chine, glorifiant la résilience de son économie, qui a combiné l’intégration des CVM avec la spécialisation régionale croissante, continue à faire de l’intégration économique régionale la première de ses priorités. Ce choix stratégique lui ouvre, ainsi, la voie à l’établissement de nouveaux accords commerciaux avec ses voisins reposant, probablement, sur des règles d'origine régionale [20]. Ce dernier aspect est d’autant plus plausible que le choc économique induit par la Covid-19 a coïncidé avec le lancement de deux nouveaux accords commerciaux méga-régionaux. Et sur ce plan, on assiste à un redéploiement important des relations internationales dans le Pacifique avec l’ajustement stratégique de plusieurs accords où la Chine renforce son leadership et ses relations avec les principales puissances économiques de la région à travers : (i) L’ancien accord de partenariat transpacifique (2008-2016) remis à l’ordre du jour en 2016 par les États-Unis. Ce projet de zone de libre-échange intercontinentale intègre les économies des régions Asie-Pacifique [21] et Amérique ; il représente la plus vaste zone économique au monde, représentant près de 40 % du PIB mondial, plus de 30 % du commerce international et une population de plus de 790 millions de personnes. Conçu sur des obligations strictes, particulièrement sur les questions de transparence et de libéralisation des échanges, ce partenariat transpacifique (PTP) avait pour objectif d’amener les pays de la région et, à plus long terme la Chine, à adopter des réformes économiques, à assouplir leur arsenal juridique et à mettre fin à certaines de leur pratiques [22] (entreprises d'État, restrictions de localisation des flux de données, obligations de travail et subventions). Mais le retrait des États-Unis du PTP décidé par le président américain Trump en janvier 2017 a permis aux pays membres, notamment le Japon et le Canada, grands promoteurs du libre-échange sur l'échiquier international, de modifier les termes du PTP, pour en faire un Accord Global et Progressif de Partenariat Transpacifique (CPTPP) [23]. Aujourd’hui, la question du retour des États-Unis dans cet accord, prévu pour 2021 ou 2022, n’est pas encore tranchée. Pour les responsables chinois, les conditions de ré-adhésion seront négociées prochainement avec l’administration américaine comptant, bien sûr, dans cet intervalle, consolider la position de la Chine en tant qu'acteur économique dominant en Asie. (ii) Le Partenariat économique régional global (RCEP) [24] initié par l’ASEAN [25]. Après huit ans d'efforts, ce partenariat, censé entrer en vigueur à la fin de l’année 2020, constitue une réelle avancée pour les pays de la région puisqu’il se veut un accord commercial progressif, c’est-à-dire que la priorité est donnée aux aspects commerciaux avant les thématiques liées à l’investissement dont certaines sont prévues pour 2020 et d’autres pour 2025. En effet, cet accord de libre-échange entre 16 pays [26] de la région, à l'exception de l’Inde [27], donnera naissance à une grande zone régionale de libre-échange avec 3,5 milliards d’habitants représentant 30 % du PIB mondial. Trois pays (Corée du sud, Chine, Japon) constituent, à eux seuls, le centre le plus important de la production des biens manufacturés au monde et les effets économiques de ce partenariat économique régional global seront fondamentalement structurants : il réduirait, entre autres, les barrières tarifaires au commerce sino-japonais, déjà soumis aux tarifs de la nation la plus favorisée, mais également libéraliserait les secteurs clés du commerce sino-coréen exemptés de la réforme tarifaire en vertu de leur pacte bilatéral de libre-échange. Parallèlement à ces deux projets, d’autres initiatives de partenariat économique et commercial sont lancées par la Chine : la zone de libre-échange Asie-Pacifique (FTAAP) [28] élaborée dans le cadre du sommet de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC) [29] en 2014 et le projet de la route de la soie (OBOR pour One Belt One Road) initié en 2013. En ces temps de récession mondiale, la construction de ce « Pôle Régional Transpacifique » engendrera, à l’évidence, l’une des mutations les plus importantes de la transformation structurelle du marché mondial. La libéralisation du potentiel induite par la mise en œuvre de l’ensemble de ces accords de partenariat favorisera l’émergence de nouveaux ressorts de la croissance économique mondiale et constituera le point d’ancrage de nouvelles chaînes de valeur globales. Cet aspect est d’autant plus envisageable qu’en complément à ces importants partenariats dans la région, un accord commercial trilatéral Chine-Japon-Corée (CJK) est en cours de construction. Déjà signataires du RCEP et représentant plus de 80 % du PIB dans le RCEP, ces trois économies dominantes d'Asie du nord-est ne manqueront pas, via cet accord trilatéral, de promouvoir les secteurs de haute technologie comme les équipements de fabrication de semi-conducteurs. S’il fallait tirer une conclusion première de ces développements historiques, celle-ci résiderait en la construction de pôles régionaux en tant que mode d’intégration économique. L’intégration régionale impose aux États d’un espace géographique défini, des normes précises de production et d’échanges dont l’objet ne se limite pas à la formation de relations aux effets mutuellement avantageux pour les participants à ces chaînes de valeur ; il induit également des incidences économiques positives à long terme sur la modernisation industrielle devant aboutir à une transformation structurelle. Cette institutionnalisation ne peut provenir que de l’intérieur de l’espace commun de ces relations marchandes, elle est, de ce fait, un mode d’inclusivité du processus productif. Il y a donc bien, nécessité d’un moment étatique imposant les nouvelles normes à travers des mécanismes institutionnels et politiques spécifiques dans une mondialisation à repenser. Une deuxième conclusion consisterait dans le fait que le marché, à lui seul, ne doit, ni ne peut faire respecter les logiques et/ou les valeurs de chaque centre de production. La division des systèmes productifs autant que la réallocation du travail social ou encore l’innovation, anticipant sur une production à venir, ne peuvent s’accomplir que dans un cadre institutionnel prédéfini. Aussi, il y a nécessité d’une action venant de l’extérieur de l’espace marchand que seul l’État peut accomplir, et qui se trouve fondée sur des formes de socialisation indépendantes des processus d’échanges (respect des droits de propriété, de transfert de richesses, etc.). Ces mesures étatiques sont la base d’une jonction de politiques d’intégration qui conditionnent la formation du marché et les capacités d’anticipation des entreprises. La troisième et dernière conclusion serait que la mondialisation ne peut être le produit des seuls échanges induits par la dynamique de globalisation, elle implique l’intervention des instances politiques pour une plus grande inclusivité des processus productifs. Là, se trouve, probablement, la forme nouvelle de la mondialisation. 3. Blockchain, vecteur privilégié de connexion de l’espace économique mondial L’économie mondiale est un ensemble reflétant un mode de cohésion d’économies nationales différenciées, et la technologie, aussi bien que les équilibres institutionnels et leurs évolutions sont des éléments déterminants dans l’intégration de ces économies dans cet ensemble. Cet aspect est d’autant plus important que la technologie évolue au fil du temps, souvent en fonction des développements scientifiques mais, également, de facteurs institutionnels, des prix des facteurs, de l'abondance et/ou de la rareté des différents types de compétences ainsi que des structures du marché devant promouvoir les changements censés faciliter l’intégration. Ces facteurs économiques et politiques sont, certes, déterminants dans la répartition des ressources mais les développements technologiques sont, à bien des égards, aussi, sinon plus, importants puisqu’ils pourraient, à leur tour, affecter la dynamique institutionnelle mise en place. En ce qui concerne la problématique des interdépendances dynamiques entre la Technologie et les Institutions, l’histoire économique nous enseigne que l’émergence de nouvelles technologies et la répartition des gains issus de ces dernières ont été façonnées par un équilibre institutionnel en perpétuelle évolution (Chettab, Silem, 2020). Les quatre révolutions industrielles [30] sont allées de pair avec des changements politiques majeurs, y compris le développement de l'État et les actions de réformes qui ont transformé les institutions politiques et la répartition du pouvoir politique, particulièrement en Europe (Acemoglu 2002, 2003). Il est donc admis de considérer, aujourd’hui, les nouvelles technologies introduites par la quatrième révolution industrielle (2012) comme un élément endogène de transformation structurelle tout autant que la nature des institutions et leur efficience. Il est clair que les dynamiques d’intégration régionale, à elles seules, engendrent une reconfiguration des CVM, mais celle-ci ne peut être qu’imparfaite. Par nature, cette reconfiguration les « standardise » en fixant des normes générales. Les tendances à la centralisation finissent toujours par bloquer les dispositions naturelles au fractionnement des systèmes productifs, caractéristique structurante des CVM. C’est dans cette incapacité de l’État à les dominer que se trouve l’expression même des défaillances systémiques. Ce point est fondamental car, si l’intégration régionale menée par les États et les institutions internationales est, effectivement, une forme de résolution de la crise, elle se trouve, en réalité, déconnectée des réalités économiques mondiales. Pour éviter ce scénario, les institutions internationales anticipent la reconfiguration, en cours, des CVM en mettant en place un dispositif technologique pouvant encadrer les changements des modèles mondiaux de création de valeur. De nouvelles approches et formes de collaboration entre les chefs d’entreprises et les gouvernements ainsi que de nouveaux outils technologiques sont à développer pour aider au renforcement de la résilience globale. Dans ce défi de transformation impliquant le renouvellement de la gouvernance des systèmes de production et d’échange, la redéfinition des procédures de propriété des données et de modèles commerciaux, le Forum économique mondial (WEF Report, 2020) a accéléré la mise en œuvre du projet portant sur la gouvernance des chaînes d'approvisionnement par la blockchain (2018). Signalons que depuis 2018, la blockchain et les flux commerciaux sont apparus comme un domaine prioritaire d'exploration dans les événements du Forum économique mondial y compris les Assemblées annuelles 2018 et 2019 à Davos. A l’origine, en 2008, la blockchain a constitué la base sur laquelle repose la finance numérique (Bitcoin, etc.). Depuis, et sans entrer dans les détails techniques, on peut dire que la blockchain a évolué pour désigner des chaînes intégrées des différentes composantes d’une fonction spécifique ou globale de management dont les informations sont traçables et accessibles aux parties concernées par la fonction : fournisseurs d’intrants, producteurs, commerçants, tiers prestataires de logistiques, transporteurs. Cette inclusivité constitue un partage de la responsabilité de l’ensemble de la chaîne (de production en l’occurrence), les transactions réalisées à chaque étape du processus sont, ainsi, ouvertes à l’inspection de tous les acteurs économiques. Grâce aux transferts directs que permet cette technologie, c’est-à-dire ceux ne nécessitant pas le passage par un organe central de contrôle (les banques par exemple) puisque c’est le réseau décentralisé qui assure le processus de validation et de sécurisation des transactions, la blockchain apparaît comme une réponse à la défiance à laquelle font face les institutions politiques et économiques. En effet, deux catégories d’applications sont particulièrement manifestes : la première porte sur les applications de type « notarial [31] » qui se réalisent à travers la tenue d’un registre qui a vocation à être partagé. La seconde catégorie est qualifiée d’« Internet de la valeur » [32], elle vise à instaurer la confiance au sein des réseaux. D’une façon générale, de telles applications sont conçues pour se substituer à des mécanismes centralisés afin de créer de la confiance là où elle fait défaut, d’une part, et pour augmenter la productivité en réduisant les coûts par l’automatisation des transactions, d’autre part. Ce sont, là, les fondements structurant de la blockchain. Ce qui implique la création d’une « économie du bien commun de la confiance » en opposition au modèle privé à l’œuvre, ouvrant, par-là, la voie à une nouvelle approche de la gouvernance des relations transfrontalières. Nul ne peut nier qu’actuellement plusieurs défis [33] entravent l’adoption généralisée de cette technologie de gestion qui est de nature disruptive. Mais, différents travaux sont en cours pour, justement, concilier cette technologie naissante avec le déploiement des chaînes d’approvisionnement à l’échelle mondiale. Pour répondre à ce besoin, une démarche collaborative États-Entreprises est, aujourd’hui, lancée pour co-créer un cadre adapté et de nouveaux outils capables de façonner le déploiement de la blockchain pour plus d’interopérabilité, de transparence et d’inclusivité. Dans cette optique, l’enquête du Forum Économique Mondial (Edmond, 2020) a montré que des nouveaux critères entrent, désormais, en jeu dans la composition des chaînes d’approvisionnement : (i) l’augmentation de la visibilité, (ii) l’évaluation des risques et (iii) l’accroissement de la flexibilité. Ces résultats constituent la preuve que la crise induite par la Covid-19 a poussé les entreprises à réorienter leurs stratégies vers de nouvelles approches relatives à une compétitivité des risques. La construction de stratégies des entreprises en collaboration avec les gouvernements devient, alors, essentielle pour développer une capacité à s’adapter et à répondre avec promptitude aux chocs futurs. Une plateforme du Forum Économique Mondial, en collaboration avec le cabinet Kearney, a été mise en place pour anticiper l'avenir de la production des industries et, notamment, des produits de pointe afin d’intégrer les besoins spécifiques des entreprises dans leur quête de renforcement de la résilience des chaînes de production et d'approvisionnement. Ont été associés à cette enquête les dirigeants d’entreprises de différents secteurs industriels, de la santé et des transports et logistique – ainsi que les gouvernements, les universités et la société civile pour développer des plans d'action collectifs. Encadré 1. Plan d’action du Word Economic Forum (2020) - Collaborer avec l’industrie du Forum collectivités (comme l’automobile, la santé, transport et logistique, consommateur), et traduire les cinq impératifs clés présentés en actions spécifiques adaptées aux besoins de chaque secteur industriel : (i)Adaptation rapide des systèmes de production aux changements du consommateur, (ii) Flexibilité des systèmes d'approvisionnement grâce aux avancées de la technologie numérique, (iii) coordination de la logistique dans les CVM, (iii) adopter de nouveaux comportements au travail pour augmenter la résilience et (iv) responsabilité partagée et collaboration parmi les entreprises et les autorités économiques, sociales et environnementales, - Soutenir les entreprises et les gouvernements pour améliorer la fabrication et l'investissement stratégiques et la mise à jour des politiques industrielles ; - Fournir une plateforme de discussion et partager des connaissances entre les dirigeants des systèmes de fabrication et d'approvisionnement ; - Intégration, agrégation et amplification des collaborations existantes et des initiatives mondiales qui soutiennent la reconfiguration des chaînes de valeur tout en apportant de la valeur aux entreprises, à la société et à l’environnement. Ainsi, il est raisonnable de penser que la blockchain peut constituer une des modalités d’auto-régulation de l’économie mondiale qui faciliterait une localisation étroite des risques qui permettrait de circonscrire la crise. Dans cette perspective de transformation structurelle mondiale, chaque entreprise occupe une place dans la segmentation des processus de production : certains sont anciens, d’autres, au contraire, mettent en œuvre de nouvelles techniques de production (robotisation, automatisation des systèmes productifs, etc.). Ces entreprises n’ont pas, encore, induit une restructuration de la demande à leur profit, elles ne peuvent donc satisfaire leur contrainte de valeur dans les mêmes conditions. Dans ce cas, le critère de proximité fondé sur des stratégies d’intégration régionale, sans lesquelles la réduction des coûts de transport et l’harmonisation des dispositifs douaniers ne sont possibles, s’impose comme une forme d’auto-régulation par laquelle peuvent s’exprimer les potentialités de restructuration des relations transfrontalières pour assurer plus d’inclusivité aux économies. Conclusion Le présent travail pourrait surprendre par son caractère abstrait : à aucun moment ne sont analysées les tendances concrètes de la mondialisation, seule leur possibilité est prise en compte, ainsi que la manière dont les dynamiques de globalisation et d’intégration pourraient les exprimer. Cette démarche est imposée par le caractère théorique et prospectif de l’étude. Les changements/modifications conduits au niveau de la mondialisation et des chaînes de valeur ne peuvent trouver d’explication au niveau du marché mondial dont le principe directeur repose sur l’efficacité économique par la réduction des coûts. Le rêve de maintenir l’expansion économique par le seul mécanisme de marché ne s’accorde pas avec l’imprévisible. Pour cette raison, a été mis particulièrement en avant, le caractère asymétrique révélé par la pandémie de la Covid-19 du cas de la Chine qui tire avantage à la fois des relations transfrontalières et régionales par opposition au reste du monde inscrit dans une hyper spécialisation structurée sur un « commerce des tâches ». Cette asymétrie montre la fragilité du système mondial : le chevauchement des dynamiques d’intégration de l’État et celles poussant à la segmentation des processus productifs, un dualisme de formes étatiques et privées qui sonne le glas du modèle de mondialisation en vigueur. La résolution de la crise ne sera point un retour au protectionnisme mais ouvrira la voie à la constitution de blocs régionaux en s’appuyant sur les nouvelles technologies numériques, ce sera, là, une nouvelle phase de mondialisation : la reproduction des relations transfrontalières basées sur la formation de procédures sociales émanant de l’État, que ce soit au niveau de la formation des espaces d’intégration ou des solutions de segmentation adoptées. Ce qui poussera les entreprises à découpler, à délimiter et à réaligner leurs chaînes de valeur, dans certains cas, de manière préventive et, dans d'autres, en raison de nouvelles contraintes gouvernementales. Mais le progrès technologique, tout en constituant une réponse alternative, ne peut être l’unique solution. Le concept de régulation économique post-Covid-19 spécifie ainsi la place des processus institutionnels et politiques dans la destruction créatrice de la mondialisation.
Thème : Economie, TIC et bonne gouvernance en Algérie
Présentation : Le phénomène de mondialisation et la place centrale des TIC dans le nouveau mode de développement économique remettent en cause le rôle traditionnel de l'Etat. La place stratégique qu'occupe l'information dans la nouvelle économie soulève des questions au sujet du rôle qui revient à l'État et pose, de façon aiguë, le problème de l'avantage national à tirer des TIC. De profondes répercussions sont alors à envisager sur les institutions nationales dont le mandat est de s' inscrire dans la nouvelle économie mondiale.